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Un siècle de chanson française

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Ouverture

1. Préambule

Le début du siècle a vu le développement aussi soudain que couronné de succès des caf’ conc’, ou cafés concerts, formules permettant au public d’apprécier des talents de la chanson comme Dranem, Paulus ou Mayol. La chanson du début du XXe siècle est ainsi intimement liée au divertissement, à la joie, voire à la gaudriole… Ce sont aussi, au même titre que les cabarets, la rue et les bals qui rythment la vie chansonnière et musicale de la population. Aristide Bruant et son Chat Noir sont les figures dominantes de cette époque. Bientôt, au lendemain de la guerre, le caf’ conc’, désordonné et décousu, sera remplacé par des revues plus professionnelles…
Les tendances de l’avant-guerre sont claires : le caf’ conc’, dont c’est l’âge d’or, et le cabaret. Les revues et l’opérette ne sont pas encore de sortie.
1. Les années folles
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la légèreté est de mise. Le pays a connu un conflit lourd, meurtrier et profondément injuste pour des centaines de milliers de familles qui ont perdu un ou plusieurs proches. Dans ce contexte (près d’un million et demi de morts, presque autant de blessés et mutilés), les Français veulent de la joie, de la fantaisie et de l’insouciance. C’est le triomphe de l’opérette et des revues de music?hall, qui viennent remplacer le gentil désordre et l’inorganisation du caf’ conc’. L’exotisme est de mise avec le succès de Joséphine Baker (entre autres). On célèbre aussi le retour de la femme, qui a tenu un rôle essentiel durant la guerre (à la fois aux champs et dans les usines, pour remplacer les maris partis sur le front).
L’autre face du divertissement, plus convenue et profonde, se nomme la « chanson réaliste ». Elle demeure liée aux classes populaires et ouvrières, au sein desquelles sont issues la plupart de ces interprètes, parmi lesquelles des femmes au fort caractère, telles Fréhel, Berthe Sylva ou Damia.
1. L’opérette triomphe au lendemain de la guerre
Dédé, Phi-Phi, Ciboulette, Pas sur la bouche… Telles sont quelques-unes des opérettes qui triomphent après le conflit. Quelques auteurs se partagent ces succès (Albert Willemetz, Henri Christiné, Maurice Yvain, Yves Mirande…) tandis que de jeunes premiers comme Maurice Chevalier ou Jean Gabin apparaissent sur scène. L’objectif avoué est simplissime : faire rire et chanter dans l’insouciance pour faire oublier les affres de la Grande Guerre.
2. Le succès des revues
Le caf’ conc’, gentiment désordonné, où l’on entrait comme dans un moulin, voit ses dernières heures défiler au lendemain de la guerre. Le music-hall et ses revues prennent la place, en se professionnalisant. Désormais, on entre en payant sa place et en regardant un spectacle pour lequel (assis sagement) on en veut plein les yeux. Inspirées des shows américains et britanniques, les revues livrent une débauche de costumes, de strass, de décors et de plumes… Entre opérette et opéra, la revue offre des « tableaux » thématiques, le plus souvent exotiques, qui sont liés par une histoire souvent très légère… Ces revues vont évidemment consacrer des talents importants comme Mistinguett et ses frasques, Maurice Chevalier et sa gouaille ou Joséphine Baker et son charme solaire.
3. Le rayonnement du cabaret, antichambre de la chanson réaliste
Lucienne Boyer, Damia, Lys Gauty, Marie Dubas… Ces chanteuses vont, dans les années 20, rôder des tours de chant qui annonceront rapidement la chanson réaliste, cette chanson empreinte des travers de l’existence, qui révèleront autant des répertoires intenses que les vies proprement cabossées de ses interprètes. Chez Fischer, l’ABC, le Capricorne ou le Bœuf sur le Toit font partie de ces célèbres cabarets qui programment ces chanteuses, parfois « révolutionnaires » (Agnès Capri), parfois lettrées (Marianne Oswald), qui ne laisseront jamais indifférents.
n D’autres noms à découvrir : Montéhus, Georges Milton, Mayol, Carlos Gardel, Dréan, Fragson…
2. 1930-1945

La décennie des années 30 est celle de tous les espoirs et tous les dangers. Le music-hall côtoie la chanson réaliste, tandis que le jazz et le swing poussent la célébrité de nouveaux talents comme Charles Trenet. Mais la menace nazie se fait précise, malgré l’insouciance de l’arrivée du Front Populaire en France.
1. La chanson réaliste :
les femmes au premier plan
Fréhel, Damia, Berthe Sylva et Édith Piaf : tel est le carré d’as des chanteuses de l’entre-deux guerres qui évoquent « naturellement » la dureté de la vie, dans le cadre de la chanson réaliste. Ces femmes possèdent des destins abîmés par la vie et s’expriment dans des chansons à fleur de peau et souvent impitoyables, qui narrent la rue et sa jungle. Des femmes, car la réalité de l’après-guerre, c’est aussi l’absence de l’homme, mort au combat, et son remplacement dans toutes les tâches (?aux champs, à l’usine, au bureau?) par des femmes courageuses, volontaires, parfois désabusées. Il y eut d’autres chanteuses (?Yvette Guilbert, Lys Gauty…?), mais pour aussi dire aucun homme. La réalité, une affaire de femmes.
2. Du côté des hommes :
humour, rêve et romantisme
La veine du comique, parfois troupier, est ouverte par des talents qui s’exerceront parfois au cinéma : Gaston Ouvrard, Georgius, Fernandel. Mais c’est le registre romantique qui se démarque, dans lequel deux interprètes, latin lover méditerranéens, vont exceller : Tino Rossi et Reda Caire. Si le premier a rencontré plus de succès, c’est sans doute par un concours de circonstances et une certaine habileté : le rôle du cinéma parlant, l’attachement très tôt à la fonction de latin lover, la rencontre avec le compositeur Vincent Scotto et les thèmes sans cesse matraqués sur l’amour, toujours l’amour…
3. L’âge d’or du music-hall
La revue perd de son aura et de son rayonnement durant les années 30. L’exotisme devient de plus en plus de pacotille, les thèmes se répètent et le public se lasse car l’effet de surprise n’est plus là. C’est le moment pour les spectacles de music-hall, avec prestation d’un interprète pendant une heure/une heure et demie devant son public, de reprendre ses droits. Le music-hall renaît, et rien ne le fera disparaître, si ce n’est un changement de nom : on parle aujourd’hui de concert ou récital…
4. Les USA et Broadway débarquent : le jazz et le swing prennent leurs marques
Ray Ventura et ses collégiens sont les premiers à importer les rythmes jazz dans une chanson française parfois trop sage. Le swing, l’optimisme et les textes qui vont avec, valorisent leurs spectacles, qui inspirent bientôt d’autres artistes comme les duettistes Pills et Tabet ou Mireille. Mais c’est bien Charles Trenet qui se révèle comme le grand « manitou » du swing à la française, avec un savoir-faire et une science du rythme et des mots.
5. La douce musette annonce l’orage nazi
Les airs guillerets de la musette et de l’accordéon envahissent la France du Front Populaire. Le gouvernement de Léon Blum décide de la semaine de 40 heures et des congés payés (?15 jours?). C’est le début des vacances à la mer, à la campagne, sous les flonflons des bals-musette. Jean Gabin se taille une vraie carrière de bateleur (?en particulier dans le film La belle équipe?). C’est l’âge d’or de l’accordéon, celui qui annonce sans le savoir les sombres années de la guerre.
6. Pendant la guerre, la chanson française poursuit ses spectacles
La Guerre ne fait qu’entériner une situation de rente pour de nombreux artistes qui se contentent de poursuivre leur carrière. Paradoxe éclatant : jamais les salles de spectacles n’ont été aussi remplies que durant ces années de conflit. Car le peuple a besoin de souffler et de se distraire. Les films musicaux remportent aussi un franc succès. Dans ce contexte, il n’est pas évident de se placer pour ou contre l’ennemi allemand. Alors charge à Maurice Chevalier, Édith Piaf, Fréhel ou Charles Trenet de continuer à chanter quoiqu’il arrive… La Libération posera quelques problèmes à des interprètes soupçonnés de sympathies avec l’ennemi (?Maurice Chevalier) mais sans conséquences importantes.
n D’autres noms à découvrir : Andrex, Arletty, Albert Préjean, Darcelys…
3. 1945-1958

La guerre porte évidemment des stigmates importants sur la société française. Et comme après la Première Guerre mondiale, les citoyens ont besoin de légèreté et de fantaisie pour s’extirper de l’horreur, des peines et des privations. Côté « littéraire », et dès 1945, la France va connaître 10 à 15 ans d’ébullition créative et l’émergence de grands talents, pour la plupart ACI (auteur, compositeur et interprète, c’est-à-dire auteur de leurs textes, compositeur de leurs musiques et interprètes) : ce sera la période bénie des Jacques Brel, Georges Brassens, Léo Ferré, Serge Gainsbourg ou Barbara. Soit des génies qui marqueront pour très longtemps la chanson francophone. Ce sont dans les cabarets et petites salles que ces talents vont s’exercer et acquérir leur public. Parallèlement (et le comparatif avec l’après-guerre de 14-18 se poursuit), le public recherche de l’exotisme facile et de la légèreté débridée. Cela signifie le succès des revues légères, de l’opérette et du music-hall, où triomphent Yves Montand, Gilbert Bécaud ou Charles Aznavour.
La caractéristique de ces artistes, aussi divers soient-ils ? Ils resteront éternellement dans l’imaginaire de la chanson française et fonderont les principes d’une francophonie rayonnante et étendue à toutes les strates de la société française. Ils sont et demeurent les « classiques », auprès desquels se référeront toutes les générations à venir de la chanson.
1. Saint-Germain-des-Prés, épicentre de la créativité de l’après-guerre
S’il y a un bien un lieu qui symbolise la grande époque de la chanson, au lendemain des terribles années de guerre, c’est bien Saint-Germain-des-Prés. A la fois site où sont réunis la quintessence des lieux de production et de diffusion de la vie intellectuelle, avec pour rayonnement précis la poésie et l’existentialisme (les Deux Magots, la brasserie Lipp, le café de Flore) et où s’exercent les talents d’un duo par qui tout démarra : Jacques Prévert et Joseph Kosma, qui signeront soixante-dix chansons ensemble. De nombreux interprètes se « serviront » chez Prévert-Kosma, de Juliette Gréco à Germaine Montero, de Mouloudji aux Frères Jacques.
2. Les cabarets, lieu de création de la chanson
Au lendemain de la guerre, qui dit « chanson » dit « cabaret ». Le cabaret est le lieu, souvent de petite taille, dans lequel se presse un public avide de retrouver légèreté ou profondeur. Car le cabaret accueille indifféremment les fêtes et le jazz américain, comme au Tabou ou au Club Saint-Germain (avec un certain Boris Vian en animateur invétéré), et les ACI qui, par leur nombre grandissant, deviennent la norme de qualité de ces lieux exigus et surpeuplés. Les lieux les plus célèbres ont alors pour nom les Trois Baudets, le Bœuf sur le Toit, le Milord d’Arsouille, la Rose Rouge, l’Ecluse ou le Cheval d’Or. Les ACI ou simples interprètes les plus célèbres qui s’y produisent alors sont Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, Barbara, Serge Gainsbourg, Juliette Gréco, Guy Béart, Boris Vian ou Boby Lapointe. La célébrité n’y sera pas évidemment pas la même pour tout le monde.
3. Triomphe de l’opérette et de la chanson exotique
A côté du sérieux plus ou moins assumé des ACI dans les caves germanopratines, les revues plus légères et l’opérette, en règle générale, consacrent le triomphe de spectacles hauts en couleurs et portant la marque de l’exotisme (ou au minimum de « l’espagnolade »). Bourvil, Annie Cordy, Georges Guétary ou Gloria Lasso s’y illustrent et remportent de grands succès. Mais le vainqueur toutes catégories du genre est Luis Mariano. Le chanteur, aidé du compositeur Francis Lopez, rencontre un succès phénoménal. Son génie est aussi d’avoir relayé son succès sur scène par des apparitions au cinéma.
4. Les nouveaux dieux du music-hall
Entre les ACI qui se produisent à Saint-Germain-des-Prés et les opérettes, une scène très active se développe et joue le rôle de consécration pour tous les artistes en mal de notoriété dans les caves de St-Germain : le music-hall. De nouveaux interprètes arpentent les planches de ces scènes mythiques (Bobino, l’Alhambra, l’Olympia) : il s’agit principalement d’Yves Montand, de Charles Aznavour et de Gilbert Bécaud (qui a effectué deux « ouvertures » de l’Olympia, en 1954 et en 1997 !).
n D’autres noms à découvrir : Jean-Claude Pascal, André Claveau, Eddie Constantine, Line Renaud, Colette Renard, Georges Ulmer…
4. 1959-1967

Les années 50 signifient bien évidemment l’explosion du rock ‘n’ roll aux USA. En ce qui concerne la France, il faudra attendre la fin de cette décennie pour que le genre devienne populaire. Mais populaire à la sauce locale, c’est-à-dire en version yéyé (néologisme issu de l’expression « yeah yeah », inventé par le sociologue Edgar Morin). Contrairement aux USA, où le genre signifie la rébellion et le renversement des valeurs, la France adopte le rock ‘n’ roll par la légèreté, l’insouciance et la danse. Pour les valeurs, il faudra attendre 1968 ! La France donc, twiste et jerk jusqu’en 1965-1966, avant de céder à une nouvelle vague, celle des beatniks et des amateurs de folk. La pop anglaise va bientôt déverser tous ses talents, alors que la chanson à texte, celle des trois grands (Ferré, Brassens, Brel) résiste encore, et se décline en variété parfois plus légère et insolente. Les progrès techniques et la jeunesse de plus en plus affirmée du pays annoncent tranquillement les bouleversements à venir de mai 1968.
1. Les yéyés envahissent le paysage sonore
C’est Richard Anthony qui ouvre le bal des reprises de thèmes anglo-saxons (et surtout américains) sous l’étiquette yéyé. Il permet à une flopée d’interprètes comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Sylvie Vartan, Claude François, Françoise Hardy, Sheila ou France Gall de tresser des couronnes de succès à travers des standards américains issus de la Motown, de la country, du folk, du rock, mais pas seulement… Rapidement, des chanteuses comme Hardy ou Gall trouvent leurs propres pygmalions en France (Jacques Dutronc, Michel Berger, Serge Gainsbourg…).
Cette vague connaît ses débuts en 1958, sa fin en 1965 et son apogée au concert de la Nation organisé le 22 juin 1963 par le magazine Salut les Copains, magazine-phare du mouvement. La plupart des interprètes précités subsisteront au yéyé pour poursuivre des carrières variées, plus tournées vers la chanson au sens propre.

2. Variété : les nouveaux « classiques »
Cette chanson persiste bien dans les années 60, et même si le triumvirat Brassens-Brel-Ferré continue de régner sur la chanson traditionnelle modèle ACI éternel, d’autres interprètes, souvent ACI eux-mêmes, apparaissent pour perpétuer la tradition bien française de l’amalgame subtil de la mélodie, du texte et de la voix.
Ces artistes ont pour nom Michel Delpech, Salvatore Adamo, Georges Moustaki, Serge Reggiani, Christophe, Claude Nougaro ou Pierre Perret.


3. De l’originalité et de la fantaisie
Dans ce paysage finalement assez façonné entre yéyé, chanson traditionnelle et ACI classiques, parviennent à s’imposer quelques têtes brûlées, qui ont toute leur importance, car il est bien connu que toute époque sourit aux audacieux, et que ces originaux apporteront une attitude ou une pratique décisive.
Il s’agit principalement d’évoquer les orchestrations et les arrangements originaux de Michel Polnareff, le sens de l’absurde de Nino Ferrer et l’ironie bien sentie de Jacques Dutronc.

n D’autres noms à découvrir : Leny Escudero, Serge Lama, Pascal Danel, Alain Barrière, Isabelle Aubret, Danyel Gérard, Ronnie Bird, Mireille Mathieu, Marcel Amont, Enrico Macias, Anne Sylvestre, Marie Laforêt
5. La "révolution" de mai 1968

La révolution de mai 1968 a été la soupape qui a fait exploser la marmite sociale, politique et culturelle de la France sclérosée de la fin des années 60. Un vent d’utopie, de révolte et de contestation souffle et menace toutes les institutions (politiques, économiques, religieuses) du pays. Plus vent fort que vraie tornade, mai 1968 va cependant affirmer une re-modélisation sociale avec l’apparition de communautés aux revendications affirmées (féminisme, régionalisme, homosexuels…). La contestation menace alors les pouvoirs économiques (patronat, banques, capitalisme en règle générale), politiques (les institutions de la Ve république) et religieux (la prédominance du catholicisme). Musicalement, la vague de la pop/rock anglo-saxonne (de la pop des Beatles au folk de Cat Stevens en passant par le psychédélisme de Pink Floyd) a déniaisé la traditionnelle chanson traditionnelle française, en l’emmenant dans les nuages opiacés de la créativité et de l’inventivité. Contestation, inventivité, imagination : l’année 68 a placé la chanson française sur l’orbite des années 70 en l’espace… de quelques mois.
La passation entre ancienne et nouvelle génération se déroule bien, car les jeunes se réclament le plus souvent des anciens, comme Higelin fan de Trenet, Renaud et Le Forestier admirateurs de Brassens ou Lavilliers amoureux de la poésie de Ferré. Ils élaboreront naturellement une chanson utopiste et contestataire durant les décennies suivantes, avec l’influence de plus en plus prégnante de la pop et du folk anglo-saxons.
1. Au cœur de Mai 68
D’abord étudiante, la révolte se fait plus sociétale, en embrigadant ouvriers et employés. C’est la période bénie pour les chanteurs « contestataires » dont François Béranger, Jean Ferrat, Jacques Higelin ou le jeune Renaud. La chanson dite « engagée » naît sur les barricades du printemps 68, avec pour fer de lance la contestation politique et sociétale qui embrase la France. Les syndicats et les grévistes voient alors des chanteurs s’engager à leurs côtés. La révolte est galvanisée par des refrains-chocs et des chansons-fleuves.
2. La génération 68
Mai 1968 a non seulement mis à jour des chanteurs/euses à la verve contestataire, mais a aussi préparé le terrain à toute une génération de chanteurs-troubadours d’exception, de Bernard Lavilliers à Renaud, de Maxime Le Forestier à Jacques Higelin.
La passation entre la « génération des aînés » (Brel, Brassens, Ferré) et ces jeunes nouveaux s’effectue bien à l’orée de la fin des années 60. Lavilliers arpente les usines en grève, Renaud occupe la Sorbonne, tandis que Higelin se lance dans l’aventure du label indépendant (Saravah, encore une première) avec sa copine Brigitte Fontaine. Maxime Le Forestier, lui, débute timidement en compagnie de sa sœur Catherine dans les cabarets de la Rive Gauche. Au final, toute une scène anticonformiste et rebelle prend ses marques avant de se diluer dans une vaste scène musicale des années 70.
3. En recherche d’identité…
Dès 1968, les revendications identitaires sont l’apanage de « communautés » (les homosexuels, les féministes avec Colette Magny ou Catherine Ribeiro) mais pas seulement. A travers un folk régionaliste, de nombreuses formations comme Tri Yann, Malicorne ou des artistes comme Gilles Servat, Alan Stivell ou Robert Charlebois, définissent les contours d’une nouvelle chanson francophone, en incluant des influences bretonnes, basques, québécoises… La francophonie renaît avec ces nouveaux artistes, qui surfent alors sur la puissance d’un folk anglo-saxon, symbolisé par Bob Dylan et Joan Baez aux USA ou Fairport Convention en Angleterre.
n D’autres noms à découvrir : Dani, Henri Tachan, Dominique Grange, Jean-Michel Caradec…
6. Années 70

Décennie populaire mais aussi plus complexe et plus variée que les années 60, les années 70 vont faire cohabiter trois courants principaux : la chanson contestataire héritière de mai 68 (entre comédies musicales et contestation pure et dure), la chanson « populaire de droite » imposée par Michel Sardou et une variété consensuelle, plus ou moins de qualité, qui va faire exploser sa notoriété dans les émissions télé de Maritie et Gilbert Carpentier, Danièle Gilbert ou Guy Lux.
1. Le combat de 68 se poursuit
Mais il se poursuit sur un mode « soft » et plus consensuel, et surtout tourné vers les comédies musicales, nouveau véhicule importé des USA qui va engranger des popularités intenses et durables.
Les comédies US reprises en France (Jesus Christ Superstar, Godspell, Hair) mais aussi Le Big Bazar de Michel Fugain symbolisent cette éternelle recherche d’amour, de paix et de liberté. Les opérettes de papa ont laissé la place aux « musicals », dont la formule et les succès perdureront bien au-delà des années 70. Côté individualités, Julien Clerc, Michel Fugain ou Dave tirent leur épingle du jeu.

2. A droite toutes
Des personnalités comme Philippe Clay et Michel Sardou ont façonné la chanson populaire dite « conservatrice » à l’orée des années 70, et à une époque où il était plus « politiquement correct » d’être un interprète de gauche. Le second a bâti une impressionnante carrière avec plus 80 millions d’albums vendus et des semaines entières de concerts en tête d’affiche de l’Olympia ou de Bercy. Ses leitmotivs ? Des chansons « coup de poing » (Vladimir Illitch, Les deux écoles, Le Bac G…) qui ont chaque fois provoqué débats et controverses… Même si le chanteur a aussi mis beaucoup d’eau dans son vin aigre en interprétant le voyage (Les Lacs du Connemara) ou les souvenirs (En chantant).
3. Cols pelle à tarte, pattes d’éléphants, paillettes et shows TV : de gentils garçons à la conquête des cœurs
Joe Dassin, parangon du romantisme mais aussi passerelle entre le folk US et la variét’ d’ici, a collectionné les tubes au fil d’une carrière dense et pleine de succès, de Les Dalton à Marie-Jeanne. Mike Brant, crooner malheureux, produira lui aussi des succès affolants (Qui saura, C’est ma prière…) au fil d’une carrière de cinq ans à peine sur notre territoire, achevée brutalement par un suicide.
Gérard Lenorman, champion du bonheur enchanté, a ravi des générations de fans avec des titres simples et bon enfant. Yves Duteil, autre troubadour sympathique, a charmé avec sa « Guitare qui le démange », mais aussi Prendre un enfant par la main, La langue de chez nous, etc. Daniel Guichard, sur un registre plus « bourru », a remporté quelques succès avec La Tendresse ou Mon Vieux.
4. En marge du système ?
Evoquons aussi les carrières de chanteurs un peu atypiques, qui ont développé leur talent parfois en marge des « institutions » de la chanson, comme les émissions de télé précitées ! C’est le cas d’Yves Simon, à la fois chanteur, compositeur et écrivain, qui a longtemps personnifié l’âme d’un romantique inquiet de son temps. Dick Annegarn, batave d’origine, a élu domicile dans nos terres, avec à la clé des vignettes sonores intempestives pleines de verve et de poésie. Le plus ancien du lot est Mort Shuman, ex-compositeur pour artistes US (Platters, Paul Anka, Elvis Presley), qui trouve en France une idéale patrie d’adoption… et quelques succès.
n D’autres noms à découvrir : Gilbert Montagné, Jeane Manson, Frédéric François, Stone et Charden, Nicolas Peyrac, Marie-Paule Belle, Il était une fois, Nicoletta, Nicole Croisille, Pierre Vassiliu, C. Jérôme…
7. Milieu des années 70

Après la révolution 68, les scènes folk et les comédies musicales du début des années 70, la chanson française cherche un second souffle au milieu des années 70. Ce vent nouveau arrive avec l’émergence d’une brochette de talents sensiblement issus de la même génération, qui vont révolutionner la manière d’écrire et de composer, en s’inspirant largement des compositeurs, interprètes et arrangeurs du monde anglo-saxon.
Toujours sous influence anglo-saxonne, la France subit aussi, dès les années 75-76, les coups de boutoir du punk et une rage de composer dans l’instant, sans institutions et sans fioritures. C’est aussi sur ce terreau incandescent qu’émergent les Téléphone, Starshooter, Trust et autre Bijou.
Cette fin des années 70 voit aussi l’émergence de genres bien définis à l’étranger, comme le disco ou le reggae, qui trouvent des relais en France avec des personnalités aussi variées que Dalida, Claude François ou Sheila pour le disco ou Serge Gainsbourg pour le reggae.
1. Une nouvelle chanson
Y a-t-il eu un déclencheur de cette nouvelle vague de la chanson française, qui a simultanément redécouvert les mélodies des Beatles, le goût pour les arrangements soignés, la production léchée des grands studios US, le goût pour une écriture à la fois syncopée, efficace et comportant des refrains aisément mémorisables ? On peut penser à Michel Polnareff, qui a grandement ouvert le chemin au début des années 70. Mais aussi Michel Berger, qui a synthétisé tout un esprit de cet époque (la mélodie de La Groupie du pianiste reste un modèle du genre).
Sur leurs traces, Véronique Sanson ou Daniel Balavoine ont largement entamé des carrières redevables de cet esprit à la fois frondeur et diablement efficace. Comme si une vraie tranche de vie pouvait tenir dans trois minutes trente secondes.
Citons les acteurs de cette éphémère mais essentielle scène : William Sheller, dont l’inspiration semble provenir directement de Beatles symphonique… en n’oubliant pas ses formidables thèmes en piano solo. Michel Jonasz, amoureux transi du jazz et de la soul, qui sait aussi s’exprimer magnifiquement dans un registre triste et mélancolique. Alain Souchon et Laurent Voulzy, duo magnifique de la chanson française, qui a marqué son époque de mélodies doucereuses et mélancoliques. Michel Berger, donc, entre amours transis et forts (Véronique Sanson et France Gall), a su imprimer, avec une poignée d’albums, un vrai vadémécum de la chanson française sous influence US, sans oublier l’influence durable de sa comédie musicale Starmania. Louis Chedid, enfin, car le côté mélancolique et émotionnel de cet auteur est une constante dans la chanson française.
2. Le rock français explose
S’il est sans doute osé d’établir un comparatif franc et intégral entre le punk anglais de 1976 et l’explosion du rock français hexagonal, de Bijou à Téléphone, de Starshooter à Trust, force est de reconnaître, que le rock français prend enfin ses marques en cette fin des années 70. Et l’énergie à revendre ainsi que l’esprit « do it yourself » (fais le toi-même) propre au punk ont grandement poussé les jeunes groupes rock français à sortir de leur garage et se frotter aux clubs et bars avant de pousser la porte des maisons de disques.
Starshooter, emmené par Kent (devenu ensuite chanteur), et originaire de Lyon, a le plus collé à cette esthétique punk. Bijou s’identifie plus aux mods anglais. On a longtemps parlé de « Rolling Stones français » en évoquant Téléphone. Celui-ci, avec à la clé une poignée d’albums incandescents, a marqué à vie le rock français, en devenant, et pour longtemps, le groupe français le plus connu du genre. Enfin, un dernier mot sur Trust, à l’identité plus hard-rock, et en ce sens très influencé par AC/DC, dont ils étaient de vrais frères de scène. Le groupe de Bernie Bonvoisin a aussi marqué son temps avec des brûlots comme Antisocial ou Marche ou crève.
n D’autres noms à découvrir : Lio, Francis Lalanne, Martin Circus, Ange, Hubert-Félix Thiéfaine, Alain Barrière, Patrick Juvet, Philippe Chatel…
8. Années 80

L’évocation des années 80 draine tout de suite la symbolique des « poids lourds » de la variété française que sont Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel ou Daniel Balavoine. Avec eux, le Top 50 prend ses marques et les impose, ainsi qu’une multitude d’artistes qui ne se feront connaître qu’avec une poignée de 45 Tours, parfois un seul ! A l’image de Chagrin d’Amour, Cookie Dingler, Caroline Loeb ou Jeanne Mas…
Musicalement, la production part aussi sur des chemins de traverse avec l’émergence du rock (Rita Mitsouko, Mano Negra, Alain Bashung) ou de la pop (Indochine, Etienne Daho, Mylène Farmer) alternatifs. Mouvements alternatifs qui annoncent aussi une ouverture sur le monde, comme avec la Mano Negra ou les futurs Négresses Vertes.
1. Une décennie traversée par des bouleversements techniques et humains
Les années 80, c’est l’émergence de multitudes de radios musicales dès 1981 et la fin du monopole d’Etat. Mais en 1984, avec l’autorisation de la publicité, ce sont les radios commerciales, plus agressives, qui s’imposent. Le Top 50, lui aussi, naît en 1984. Il se poursuit jusqu’en 1993. Il génère un tsunami de titres « faciles » et éphémères, qui sont aujourd’hui écoutables sur n’importe quelle compilation estampillée « années 80 » ! Le vidéo-clip se développe lui aussi, sur la vague des chaines musicales comme M6, et bientôt MCM. Ajoutons l’invention du walkman (1980) et du CD (1983)…
Reste enfin le facteur humain, celui des festivals, qui prennent leur marques de manière brillante, en particulier celui dédié à 100% à la chanson francophone, le festival des Francofolies, qui naît en 1984. Les années 80 voient aussi l’émergence des Zenith et de Bercy, nouvelles salles modulables qui sont enfin dignes de recevoir le public nombreux que méritent stars nationales et étrangères.
2. Les locomotives sur les rails du succès
La génération des chanteurs et chanteuses des années 60 et 70 est déjà bien occultée voire oubliée, devant l’apparition de trois artistes qui vont, à l’aune des années 80, remplir les bacs des disquaires et les grandes salles de spectacle : Jean-Jacques Goldman, Daniel Balavoine et Francis Cabrel. Le premier officie dans un style populaire mais tranquille, étant fortement actif de 1981 à 2001, aussi bien pour lui que pour les autres. Le second fut un « révolté » du cœur qui rencontra la mort trop tôt, en 1986. Le dernier poursuit une carrière tranquille, avec à la clé des tournées triomphales et une base arrière, sa commune d’Astaffort (Lot-et-Garonne), au fil de chansons « préoccupées et non engagées », comme il le dit lui-même.
3. Les années 80 côté rock
Grâce aux « aînés » Téléphone, Trust, Bijou ou Starshooter, qui ont ouvert le chemin d’un rock à la française, la production nationale ose franchir le pas du binaire. On s’ouvre au rock avec Alain Bashung, Charlélie Couture, la Mano Negra, les Négresses Vertes, les Rita Mitsouko, Noir Désir ou Pigalle. Tous ces artistes participent d’un même désir : faire sortir la traditionnelle chanson française de ses ornières et la faire fricoter avec le rock anglo-saxon, les sonorités expérimentales ou les rythmiques des musiques du monde. La chanson francophone est alors de moins en moins hexagonale et de plus en plus ouverte sur le monde.
4. Les années 80 côté pop
Très influencée par ce qui se fait en Angleterre et aux USA, une pop légère et parfois inquiète se profile dès le début des années 80, avec des artistes comme Indochine, Etienne Daho, Taxi Girl, Niagara ou même Mylène Farmer. Tous ont en commun la création d’univers personnels forts (gothique chez Indochine ou Farmer, pop évanescente mais inquiète chez Daho, nihiliste chez Taxi Girl…) et le sens d’une écriture recherchée, aidée parfois par des clips ambitieux (Laurent Boutonnat chez Farmer).
n D’autres noms à découvrir : Jean-Patrick Capdevielle, Liane Foly, Axel Bauer, Roch Voisine, Buzy, Richard Gotainer, Guesh Patti, Pierre Bachelet, Herbert Léonard, Bérurier Noir, L’Affaire Louis Trio, Sapho, Alain Chamfort, Elli et Jacno…
9. Années 90

Avant les années 90, on parlait des « musiques du monde » en évoquant le plus souvent les musiques en dehors du rock anglo-saxon… Valise pratique mais peu précise, qui gagne ses lettres de noblesse en ces années 90, placées sous le signe résolu du métissage et du mélange. Raï, reggae, Brésil, Cuba, Afrique, mais aussi Bretagne et Occitanie ou Corse dans l’Hexagone même : les influences reprennent de leur sens, après la parenthèse des années 80.
Côté « grosse artillerie », la variété change de main et de visage : Patrick Bruel, Stephan Eicher, Pascal Obispo, Florent Pagny ou Patricia Kaas sont les nouveaux nababs des ventes et des grandes salles.
Autre émanation des 70’s (en plus des musiques du Monde et du régionalisme), les comédies musicales font leur grand retour. Mais il s’agit maintenant de grosses machines commerciales, emmenées par des voix puissantes, dans la lignée Céline Dion-Lara Fabian.
1. Saveurs du Maghreb
Du Douce France de Carte de Séjour (reprise de Charles Trenet) en 1986 aux derniers albums solo et techno de Rachid Taha, ex-leader du groupe, que de chemin parcouru ! Les sonorités orientales, et forcément maghrébines, sont passées par là. Aujourd’hui, le raï et le chaabi se sont imposés dans musique francophone, comme partie intégrante d’un monde musical élargi. En sens inverse, nombre d’interprètes originaires d’Afrique du Nord, comme Khaled, Faudel ou Gnawa Diffusion s’expriment en français, et s’acoquinent même avec des compositeurs français (JJ Goldman avec Khaled par exemple).
2. Couleurs reggae/ragga
Si l’ancien Gainsbourg est bien à l’origine de l’arrivée du reggae en France avec son Aux Armes etc. en 1979, c’est toute une génération qui, dans les années 90, s’impose avec les couleurs du reggae et du ragga, l’une de ses branches les plus dédiées à la danse. Sinsemilia, Tryo, Jehro, Pierpoljak, Tonton David, Silmarils, Regg’Lys, Bazbaz… ils ont été nombreux à revêtir ces rythmes syncopés et chaloupés pour imposer des tubes aux senteurs des îles dans les charts français. Le genre connaît même des versions localisées avec Massilia Sound System à Marseille ou Zebda et les Fabulous Trobadours à Toulouse.
3. Le rap US débarque en France
C’est bien dans les années 90 que le rap made in France s’impose lentement mais surement dans les esprits, les ondes et les salles. IAM, NTM et MC Solaar, sont parmi les artistes les plus reconnus du genre, dans des styles très variés. En face d’un NTM très rageur et revendicatif, IAM joue la carte « citoyenne » mais avec un important rôle local à Marseille. MC Solaar, le plus littéraire de tous, impose un style inimitable, très travaillé, qui tient plus de Boby Lapointe que des rappeurs américains !
4. La « grosse » variété, éternelle identité française
Hormis les « grandes » voire « grosses » voix de chanteuses aux tessitures amples (que nous aborderons un peu plus loin), la variété française entame une nouvelle mue pour se saisir de personnalités assez variées. Côté filles, c’est Zazie et Patricia Kaas qui imposent leurs thèmes, avec du glamour côté Kaas, et de la « citoyenneté » (sans trop de risques) côté Zazie. Chez les garçons, on retiendra, outre l’incroyable Bruelmania de Patrick, la voix de ténor de Florent Pagny (avec les opinions fortes et définitives qui vont avec) et la voix haut perchée de Pascal Obispo, qui a toujours renié une filiation directe avec un certain Michel Polnareff… Outsider pas du tout négligeable : le Suisse Stephan Eicher, qui a eu son heure de gloire durant cette décennie.
5. Les grandes voix s’imposent dans l’écrin des comédies musicales
Céline Dion, Lara Fabian, Maurane, Liane Foly, Hélène Ségara, Natasha St-Pier côté filles, Garou, Patrick Fiori, Daniel Lévi côté garçons : les années 90 sont aussi celles du sacre des grandes voix. Bien souvent, ces voix ont été portées par des comédies musicales avec des alibis historiques plus ou moins grossiers. Le succès public est là, même si la lassitude gagne la plupart de ces productions grand public au fil des années 2000.
n D’autres noms à découvrir : les Innocents, Chanson Plus Bifluorée, Gérald de Palmas, La Tordue, les Têtes Raides, Matmatah, Axelle Red…
10. Années 2000

Entre essor de la téléréalité et persistance d’une intense scène artistique française, qui allie qualité et audace, la crise du disque s’invite, avec des ventes de CD en chute libre sur la décennie 2001-2010 (environ -60% !) et système D du marché du disque, qui doit réagir à l’hémorragie en multipliant les projets transversaux, les albums de reprises ou les compilations thématiques. La création s’en ressent forcément, et malgré la bonne tenue d’une scène active, les petits labels ont beaucoup souffert de cette crise. Les avatars de création se multiplient malgré tout, comme l’apparition (tardive par rapport aux USA) du slam, et ses deux représentants emblématiques, Abd Al Malik et Grand Corps Malade.
1. La téléréalité passe en mode « musique »
Passée la polémique sur les premières émissions de téléréalité, c’est la musique qui prend ses quartiers sur TF1 et M6, via les « télé-crochets » Star Ac, Popstars (puis À la recherche de la Nouvelle Star et enfin Nouvelle Star). Les rares artistes qui arrivent à sortir de ces moules télévisuels parviennent à développer des carrières conséquentes et à contre-courant (Olivia Ruiz, Julien Doré) ou au contraire plus consensuelles (Jenifer, Chimène Badi, Nolwenn Leroy, Amel Bent…).
2. Crise du disque, droits d’auteur
et téléchargements illégaux
Le développement d’Internet et des échanges entre ordinateurs, à partir de la fin des années 90 et via des logiciels comme Napster, n’a pas fait que des heureux : les artistes et ayant droits. Car les ventes de CD s’effondrent littéralement à partir de 2002, et ce jusqu’en 2011 de manière régulière (2012 voit une légère accalmie, avec le développement des ventes en ligne).
3. Les grands nouveaux
Ils ont pour nom Arthur H, Dominique A, Arno, les Têtes Raides, Thomas Fersen, Louise Attaque, Jean-Louis Murat, Juliette, Miossec, Katerine… La plupart ont patiemment débuté leur carrière dans les années 90, avant de rencontrer un succès souvent probant au fil des années 2000. Inscrits dans la durée d’albums (Murat, Têtes Raides) ou de « coups » plus ou moins tordus (Katerine, Arno qui sait lui aussi flatter un côté borderline), ces artistes ont su générer un public important et fidèle, qui les suit sur disque et sur scène. La crise n’est (presque) pas passée par eux, car ils ont su trouver la bonne vibration avec leur audience, à l’image des textes abrasifs de Miossec, des univers décalés d’Arthur H, de la poésie réaliste de Juliette ou des stances oniriques de Jean-Louis Murat.
4. Les petits derniers
Signe de la vitalité de la scène française, la liste des noms d’artistes remportant de francs succès ne cesse de s’allonger : côté garçons, Albin de la Simone, Raphaël, Martin Rappeneau, M, Tété, Camille Bazbaz, Bénabar, Vincent Delerm, Mickey 3D, Cali, Sanseverino, Mathieu Boogaerts, côté filles, Camille, Adrienne Pauly, Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal, Keren Ann… Sans oublier quelques groupes comme Holden, Dionysos, Tue-Loup ou les Wampas… Une scène dense, foisonnante, marquée par une grande activité, et qui sait multiplier les projets communs et les aventures d’un jour (production d’album, titre ou concert en commun). La nouvelle génération possède une attitude ouverte et empirique, préférant l’échange à la tour d’ivoire.
5. Le slam entre en scène
Le parlé-chanté, ou slam, est un genre apparu au milieu des années 90 aux USA, qui s’est ensuite exporté en Europe et en France. Plus « littéraire » que le rap, il fait appel au même système de joute verbale et d’art du partage que son grand frère. Son succès hexagonal tient en grande part à deux personnalités qui ont su conjuguer talent et discours « citoyen » : Grand Corps Malade et Abd Al Malik. Mais à l’aube des années 2010, le genre a un peu de mal à se renouveler. Abd Al Malik lui-même s’approche de plus en plus de la chanson. Un signe ?
n D’autres noms à découvrir : Renan Luce, Oxmo Puccino, La Grande Sophie, Clarika, Emilie Loizeau, Anaïs, Lynda Lemay, Emilie Simon, Franck Monnet, Autour de Lucie, Florent Marchet, Mano Solo, Aldebert, Daniel Darc, Pauline Croze, Corneille, Daphné, Kyo…

Présentation : La chanson française a déjà plus d'un siècle ! Des chansonniers issus de la Première Guerre mondiale aux derniers soubresauts des émissions de télé-réalité, ce genre a traversé le XXe siècle avec une égale envie de découvertes et de bouleversements. Cette exposition propose de retracer les multiples changements de visages de la chanson française au travers des décennies (chanson réaliste, cabaret, auteurs-compositeurs-interprètes, mai 68, années 80, etc). C'est aussi l'occasion de relever les nombreux interprètes caractérisant cette chanson qui a su se métamorphoser au fil des bouleversements de la société française.

Informations pratiques : Cette exposition existe sous deux dimensions différentes. L'une est constituée de 10 panneaux souples mesurant 80x120 cm. L'autre est constituée de 10 panneaux + 1 panneau d'ouverture (11 panneaux en tout) sur support rigide et mesurant 60x105 cm. 

Questions et réservation : Contactez-nous pour tout renseignement complémentaire et cliquez sur le bouton ci-dessous pour réserver l'exposition !

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Sommaire

Ouverture
1. Préambule
2. 1930-1945
3. 1945-1958
4. 1959-1967
5. La "révolution" de mai 1968
6. Années 70
7. Milieu des années 70
8. Années 80
9. Années 90
10. Années 2000

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