Informations complÉmentaires

« Ces dernières années j'ai enregistré les paroles de Français vivant la grande pauvreté et celles de personnes étrangères espérant une protection de la France. J'ai aussi écouté celles et ceux qui militent à leurs côtés. Ces temps longs d'écoute m'ont permis de comprendre qu'il y a pire que le sentiment d'inégalité : il y a se sentir inconsidéré, infantilisé, inutile. Illégitime jusque dans sa propre parole, jusque dans sa propre pensée. Si les images à l'encontre des personnes précaires et étrangères sont violentes, le vocabulaire est lui aussi très rude : « À la une des journaux, nos vies comme un tas de débris » a écrit l'une des protagonistes du film dans un poème. Ce n'est pas l'obscurité qui s'abat sur les plus fragilisés mais un vaste scintillement déshumanisant. Un éclairage différent m’est nécessaire. La réalité de la précarité, ce sont des femmes, des hommes, des enfants, qui dans le tumulte de leurs vies, réfléchissent, rêvent et s'interrogent constamment sur leur propre parcours et sur ce que pourrait être ce monde. Questionnant notre propre humanité, leurs précieuses réflexions nous concernent. Mais pour entendre leurs voix, encore faut-il qu'ils puissent prendre la parole... C'est précisément de ce silence qu'est né mon désir de film. D'âges et de parcours différents, vivant la précarité et l'exil : Lucien, Mireille, Lamine, Joëlle et Thierno écrivent de la poésie. La rareté et la qualité de leurs textes m'ont convaincue qu'il était important de les faire entendre. C'est un retour vers l’œuvre de Victor Hugo qui m'a permis d'avancer dans ce projet. En me plongeant dans les textes de Victor Hugo, j'ai entendu sa pensée contestataire secouer notre XXIe siècle. La beauté, la puissance de sa langue, l'énergie avec laquelle il dénonce lâchetés, corruptions, injustices, dénis de réalité, mais aussi la découverte de ses textes sur l'utopie en tant que nécessité humaine, m'ont persuadée que les visions de Victor Hugo pouvaient entrer en 3 dialogues avec les poètes de l'atelier d'écriture et étancher leur soif de justice et d'humanité. Initier une rencontre entre Victor Hugo et les poètes de l'atelier d'écriture, c'est comme cela que le film a commencé », explique la réalisatrice.
(Source : dossier de presse du film)